Burundi / Dialogue d’Arusha: La société civile veut privilégier les questions d’intérêt général

- Le 5ème round de dialogue inter-burundais est programmé du 24 au 29 octobre.
Burundi / Dialogue d’Arusha: La société civile veut privilégier les questions d’intérêt général

Des organisations de la société civile burundaise, des représentants religieux, des organisations de jeunes, de femmes et de journalistes ont demandé, lundi, à la médiation, de mettre en avant les questions d’intérêt général lors du prochain round du dialogue, a confié un acteur de la société civile à Anadolu. 

« Nous avons démontré que les questions liées à la pauvreté, à la bonne gouvernance, aux restrictions des libertés, à la lutte contre la corruption, etc., doivent être priorisées par rapport aux élections », a précisé Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), joint par Anadolu, lundi.

Cette revendication a été émise via un document cosigné et transmis à la facilitation et aux dirigeants politiques.

Elle intervient au terme de deux jours de consultations qui ont eu lieu du 20 au 22 octobre, à Arusha, avec l’équipe de la facilitation, en Tanzanie, en prélude du 5ème round de dialogue inter-burundais, programmé du 24 au 29 octobre. 

Il regrette, néanmoins, l’absence des représentants de la société civile proche du pouvoir dans ces consultations. 

A travers ce document, ces représentants de la société civile, dont la plupart vit en exil depuis 2015, ont montré, a-t-il détaillé, que « parler tout le temps de la question des élections est une preuve d’un esprit égocentrique ». 

« Il est inimaginable de mettre toutes les énergies, tous les moyens aux élections alors que le Burundi est un des pays les plus pauvres de la planète », a-t-il insisté, conseillant au gouvernement, aux politiciens de s’atteler prioritairement au relèvement économique. 

Pour lui, les élections sont une bonne chose, en soi, mais les questions de la bonne gouvernance, de la démocratie, des libertés fondamentales et individuelles, doivent attirer plus d’attention des décideurs. 

Cette mise requête de la société civile intervient presque deux semaines après la sortie d’une correspondance signée par onze partis politiques pro-gouvernementaux et adressée à la facilitation, demandant que le 5ème round soit exclusivement destiné à la mise en place d’une feuille de route pour les élections de 2020. 

Une position partagée par Bujumbura qui plaide, en outre, pour le rapatriement de ce dialogue au Burundi. 

Initié depuis plus de trois ans par la Communauté est-africaine (EAC), sous la facilitation de William Benjamin Mkapa, ancien président tanzanien, ce dialogue est au point mort depuis plusieurs mois. 

Le dernier round a eu lieu du 27 novembre au 8 décembre 2017, sans aboutir à un accord. 

Le Burundi traverse une crise politico-sécuritaire, depuis avril 2015, née de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un 3ème mandat présidentiel jugé illégal par l’opposition, la société civile et une partie de son propre camp. 

Les violences générées par cette crise ont déjà fait plus d'un millier de morts et poussé près de 400.000 personnes à fuir le pays, selon le dernier rapport de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR).