Burundi: L’ONU demande libération de l'activiste Germain Rukuki

Germain Rukuki, activiste burundais des droits de l’homme, avait été condamné, en avril 2018, à 32 ans de prison pour participation à un "mouvement insurrectionnel".
Burundi: L’ONU demande libération de l'activiste Germain Rukuki

Trois experts des droits de l'homme de l'ONU ont exhorté jeudi le gouvernement du Burundi à libérer immédiatement le défenseur des droits de l'homme Germain Rukuki, maintenu en détention dans l'attente d’une décision de la Cour d'appel de Bujumbura, a rapporté l’ONU sur son site.

Cet appel a été lancé dans un communiqué conjoint par le Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d'association, Clément Nyaletsossi Voule, le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Michel Forst et le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, David Kaye.

"Les accusations portées contre Germain Rukuki n'ont aucun fondement et servent de prétexte pour le faire taire et criminaliser son travail en faveur des droits de l’homme", ont-ils estimé.

"Nous appelons le Gouvernement à le libérer immédiatement et à permettre à tous les défenseurs des droits de l’homme au Burundi de mener à bien leur travail ", ont-ils ajouté.

En avril 2018, le tribunal de grande instance de Bujumbura a condamné Germain Rukuki, activiste burundais des droits de l’homme, à une lourde peine de 32 ans de prison pour participation à un "mouvement insurrectionnel".

Il a été jugé coupable de participation "à un mouvement insurrectionnel dans le but de changer le régime constitutionnel, à l’assassinat de policiers et militaires à partir du 13 mai 2015 et à la dégradation de biens publics que privés, a précisé dans une déclaration à Anadolu Ferdinand Ndikuriyo, juge du tribunal de grande instance de la mairie de Bujumbura.

Sa condamnation a été dénoncée par plusieurs associations des droits de l’homme.

Ancien militant de l’Association des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-Burundi), Rukuki avait été arrêté à Bujumbura par des agents du Service des renseignements burundais pour le même motif d'"atteinte à la sûreté de l'État".

Opposée au régime en place, ACAT-Burundi, fait partie des organisations de la société civile suspendues par Bujumbura depuis le 19 octobre 2016.

Forcé à l’exil depuis plus de deux ans, Maître Armel Niyongere, son Président, a mis sur pied SOS-Torture Burundi qui établit des rapports hebdomadaires sur les actes de violations des droits de l’homme dans le pays. Les autorités burundaises soupçonnent Germain Rukuki d’être son relais à Bujumbura.

le Burundi traverse depuis avril 2015 une grave crise politique et sécuritaire déclenchée au lendemain de la décision du Président Pierre Nkurunziza de briguer un 3ème mandat présidentiel, jugé illégal par l’opposition et la société civile.

Les violences consécutives à cette crise ont déjà fait plus d'un millier de morts et poussé plus de 347.000 personnes à fuir le pays, selon le rapport de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR) publié le 28 février 2019.