La France et l’Italie plaident pour une politique migratoire européenne commune

L’Italie a reçu 18 mille demandes d’asile au cours des quatre premiers mois de 2018, alors que la France en a reçu 26 mille.
La France et l’Italie plaident pour une politique migratoire européenne commune

Le président français Emmanuel Macron et le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, ont plaidé, vendredi, pour une politique migratoire européenne commune. 

Macron et Conte s’exprimaient en conférence de presse conjointe, tenue suite à un déjeuner à l’Elysée et transmise en direct par les télévisions françaises. 

Ce rapprochement des points de vue intervient suite à une brouille diplomatique entre Paris et Rome, au sujet du navire humanitaire Aquarius transportant 630 migrants, que l’Italie a refusé d’accueillir, mardi, attitude que Macron a qualifiée de « cynique et irresponsable ». 

Suite à cet incident, les deux dirigeants ont eu plusieurs entretiens téléphoniques et se sont, finalement, rencontrés vendredi autour d’un déjeuner à l’Elysée. 

Lors de la conférence de presse conjointe, Macron a tenu à souligner d’emblée que «l’Italie a subi des arrivée massives de migrants en provenance d’Afrique du nord depuis 2015», précisant toutefois, qu’ «au cours du premier semestre 2018 le nombre des arrivées en provenance d’Afrique du nord a baissé de 77 %». 

Il a également précisé que si l’Italie a reçu 18 demandes d’asile au cours des quatre premiers mois de 2018, alors que la France en a reçu 26 mille. 

Par ailleurs, il a affirmé que la bonne réponse à la migration ne peut être nationale. 

«La bonne réponse à la migration est européenne et pas nationale. Mais celle-ci n’est pas au rendez-vous», a-t-il déclaré, rappelant la divergence de vue entre pays européens à ce sujet. 

Sur ce point, Macron a affirmé que la position de la France et de l’Italie sont convergentes, soulignant au passage que la réponse à la migration doit être «humanitaire et efficace». 

Dans cette perspective, il a appelé à une meilleure solidarité et un meilleur partenariat, notamment avec les pays de la rive sud. 

«Il faut renforcer le travail partenarial, avec la rive sud en particulier, par la coopération, la formation, le développement, permettant de mieux prévenir et avoir une réponse humanitaire et efficace à la migration», a-t-il martelé. 

Le président français a exprimé enfin, la volonté des deux pays à avancer ensemble pour une meilleure protection des frontières. 

Dans cet ordre d’idée, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a souligné que «le moment est venu de tourner la page. Il faut changer les règles de Dublin», a-t-il lancé. 

« Il nous faut une nouvelle approche avec les pays d’origine, d’accueil et de transit », a-t-il indiqué. 

Laquelle approche doit être basée sur «le concept de frontières européennes et non pas de pays de première arrivée». 

Le règlement de Dublin, auquel Macron et Conte se sont référés, a été conclu en 2013 par plusieurs pays européens, dont la France et l’Italie. Ce texte attribue la responsabilité de la régularisation ou non de la situation du migrant au premier pays dans lequel il arrive. 

C’est ce qui fait que les pays les plus proches de la rive sud, sont les plus touchés par les flux migratoires et d’où l’appel à une « meilleure gestion européenne commune des frontières, par un mécanisme européen de solidarité dans la prise en charge des réfugiés». 

Emmanuel Macron et Giuseppe Conte accordent ainsi leurs positions, en vue du prochain Conseil européen, les 28 et 29 juin, où ils considèrent «que de nouvelles initiatives » doivent être discutées. 

Cette session du Conseil européen attire particulièrement l’attention des pays européens, déjà partagés sur la question migratoire, dans la mesure où il va soulever les principales questions européennes, dont la migration, l’exil, l’euro et le Brexit. 

Pour rappel, le navire humanitaire que l’Italie a refusé d’accueillir, a fini par se diriger, vers l’Espagne qui a accepté de le recevoir à Valence. Son arrivée était prévue pour ce vendredi. 

L’Espagne étant, elle aussi, concernée par la question migratoire.