Le gouvernement libyen déjoue la tentative de la France de l'instrumentaliser contre la Turquie

La tentative du président français Emmanuel Macron n'a pas réussi, cette fois-ci, à attirer Fayez al-Sarraj, Chef du gouvernement libyen légitime à s'asseoir autour d'une même table, une fois de plus, avec le général putschiste Khalifa Haftar pour réintégrer ce dernier dans le processus politique après
Le gouvernement libyen déjoue la tentative de la France de l'instrumentaliser contre la Turquie

La tentative du président français Emmanuel Macron n'a pas réussi, cette fois-ci, à attirer Fayez al-Sarraj, Chef du gouvernement libyen légitime à s'asseoir autour d'une même table, une fois de plus, avec le général putschiste Khalifa Haftar pour réintégrer ce dernier dans le processus politique après son échec à entrer de force dans la capitale Tripoli et après l'accroissement de son isolement international.

Le porte-parole du président du Conseil présidentiel libyen, Ghaleb Zaglei a agi en apportant un démenti rapide à l'information rapportée par le site de renseignements français ‘’Intelligence online’’ au sujet d'une rencontre qui réunira al-Sarraj et Haftar, à Paris, jeudi prochain.

Bien qu'il ait affirmé que le président du Conseil présidentiel a reçu une invitation pour se rendre en France, à une date qui n'a pas été déterminée, Zaglei a mis l'accent sur le fait qu'il n'y aura pas de rencontre entre al-Sarraj et Haftar, ‘’ni dans un avenir proche ni lointain, et ce quel que soit le degré et l’ampleur des médiations internationales’’.

Le site ‘’Intelligence online’’ a rapporté, en citant ses propres sources, que Paris accueillera jeudi un sommet libyen qui réunira al-Sarraj avec le président de la Chambre des députés de Tobrouk, Aguila Salah et Haftar, chef des milices de l'est.

*La réhabilitation diplomatique de Haftar

Haftar fait face à un isolement international inédit, depuis sa première rencontre avec al-Sarraj, en juillet 2017, à Celle-Saint-Cloud, une des banlieues parisiennes, lorsque le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait planifié la réintégration de Haftar dans le jeu politique.

Bien que l'accord de Skhirat, signé le 17 décembre n'évoque pas la participation des militaires au dialogue politique, il n'en demeure pas moins que le Drian a œuvré pour octroyer à Haftar la légitimité diplomatique, malgré le fait que ce dernier était sous la menace de sanctions internationales.

Depuis 2017, Haftar a participé à plusieurs réunions avec al-Sarraj à Paris I et II et à Palerme en Italie ainsi qu’à Abou Dhabi et de manière séparée à Moscou et à Berlin, en janvier 2020.

Le fait que Haftar n'ait pas respecté aucun des arrangements et accords conclus, au cours de ces réunions, a poussé al-Sarraj refuser à se réunir à nouveau avec le général putschiste.

La défaite de Haftar et la régression de ces milices qui ont été chassés des quartiers sud de Tripoli, ont encouragé plusieurs pays, y compris parmi ceux qui le soutiennent, à le marginaliser au cours du dialogue politique et à focaliser l'attention sur Aguila Salah, en tant que représentant de la région orientale du pays.

Les pourparlers de Bouznika au Maroc se sont déroulés entre les délégations de la Chambre des députés de Tobrouk et du Haut Conseil d'État à Tripoli sans présence de représentants de Haftar et cela a été réédité à Genève.

Des communiqués simultanés ont été publiés par al-Sarraj et Aguila Salah pour décréter un cessez-le-feu le 21 août dernier et Haftar ne faisait pas partie de ce processus.

En réaction à cela, Haftar a réagi en violant le cessez-le-feu conclu entre Al-Sarraj et Salah, conclu sous un parrainage onusien et avec un soutien international et les milices du putschiste ont tiré, à 5 reprises, des missiles contre des troupes de l'armée libyenne, stationnées dans l'est de Syrte sans pour autant faire de dégâts.

Le message que Haftar voulait faire parvenir à la communauté internationale consiste à ce qu'il n'y aura pas de cessez-le-feu, ni d'ouverture du secteur pétrolier, sans qu'il ne soit associé au dialogue et sans que sa quote-part et celle de son clan ne soit garantie dans le pouvoir intérimaire attendu.

Paris a saisi rapidement le message et s’est employée à réintégrer Haftar en tant que partie du dialogue politique.

Néanmoins, le gouvernement légitime conduit par al-Sarraj à refuser de jeter, à nouveau, la bouée de sauvetage à Haftar après que ce dernier ait gâché de nombreuses chances qui lui ont été offertes auparavant pour aller de l’avant sur la voie d’une solution pacifique.

C'est ainsi que l'initiative de Paris est mort-née cette fois-ci, d'autant plus que son rôle dans le soutien diplomatique et militaire de Haftar et devenu un ‘’secret de polichinelle’’, selon les termes de l'analyste politique français Nicolas Beau.

* L'Élysée retire le dossier libyen de le Drian

Ce qui est remarquable dans le l'article publié par ‘’Intelligence online’’ c'est que ceux qui ont travaillé sur la préparation de la réunion de Paris sont trois hauts conseillers au palais de l'Élysée.

C'est la première fois depuis 2014 que le dossier libyen est retiré des mains de le Drian, l'ami français fidèle é Haftar.

En effet, le Drian a réussi à transférer le dossier libyen du ministère de la Défense au département des Affaires étrangères, immédiatement après son passage au Quai d'Orsay en 2017. Cependant, le fait que l'Élysée ait récupéré ce dossier signifie que le Drian a échoué dans sa mission en Libye et que l'affaire est devenue désormais du ressort exclusif de Macron.

* Le but est la Turquie et non pas la résolution de la crise libyenne

L’information a indiqué que le but de la tenue de la réunion entre al-Sarraj et Aguila Salah consiste à assiéger et à endiguer le rôle turc en Libye qui dérange extrêmement Paris.

La France tente de se venger de la Turquie, qui a déjoué son plan en Libye. Paris a soutenu Haftar par la force, depuis 2014, ainsi que dans son agression contre Tripoli lancée, en avril 2019.

Alors que Haftar était sur le point de faire chuter militairement le gouvernement légitime, la Turquie a réussi à renverser la vapeur et à repousser les milices à plus de 400 kilomètres à l'est de la capitale en juin 2020.

La France s’emploie par tous les moyens à assiéger la Turquie, que ce soit par le biais de l'opération maritime ‘’IRNI’’ de surveillance de l'embargo imposé aux armes en Libye, ou en tentant d’enliser l'Allemagne et l'Italie dans son conflit avec la Turquie, en leur lançant une invitation pour assister à la réunion qui a échoué avant même sa tenue.

La France tente encore d’encourager la Grèce à rejeter le dialogue avec la Turquie, s’agissant de la question de la Méditerranée orientale, en soutenant Athènes par la conclusion de marché d'armes et en incitant les Européens à devenir fermes avec Ankara, et ce en prévision de la réunion du Conseil européen prévu le 24 et 25 septembre prochain

Cependant, des pays qui ont leur poids en Europe, à l'instar de l'Italie, de l’Espagne et de l'Allemagne ne sont pas enclins à emboîter le pas à la France dans son extrémisme à l'égard de la Turquie, qui est considérée comme un pays émergent et qui monte en flèche, en comparaison avec la France qui voit son influence sur le plan international se réduire.