RDC / Angola / Expulsions : Le HCR redoute une crise humanitaire
L'Agence des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) a déploré des "expulsions massives" de plus de 200 000 congolais d'Angola, qui pourraient "générer" une crise humanitaire en République démocratique du Congo (RDC) où ces derniers se retrouvent dans une situation "désespérée".
C'est ce qu'a déclaré, Babar Baloch, porte-parole du HCR lors d'un point de presse, tenu mardi à Genève.
"Le HCR est préoccupé par l’évolution rapide de la situation humanitaire dans la région du Kasaï en RDC et par le retour massif de réfugiés depuis l’Angola, au cours des deux dernières semaines", a-t-il indiqué.
Selon les estimations des responsables congolais, 200 000 ressortissants seraient arrivés, depuis début octobre, dans la seule province du Kasaï.
Les expulsions massives sont "contraires aux obligations découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et nous demandons aux deux parties de respecter les droits humains fondamentaux des personnes concernées", a ajouté le porte-parole.
"Les retours pourraient aisément déclencher une crise humanitaire dans la région du Kasaï, déjà fragile", a prévenu Baloch, indiquant que l'Agence a été informée de plaintes pour "violences, y compris des violences sexuelles et du harcèlement, des fouilles corporelles et des vols d’effets personnels, commis par les forces de l’ordre des deux côtés de la frontière".
L'opération a été lancée début octobre dans plusieurs provinces angolaises contre, principalement, des "étrangers en situation irrégulière dans les maisons d'achat de diamants", selon la télévision publique angolaise (TPA).
Le HCR travaille avec d’autres organismes de l'ONU et d’autres partenaires dans la région pour "évaluer les besoins humanitaires", a-t-il renchéri, annonçant que l'agence onusienne vérifie des informations faisant état de l’existence "d'un petit nombre de réfugiés" parmi les Congolais expulsés d'Angola.
"Pour prévenir tout retour forcé de réfugiés, le HCR examine la situation des rapatriés à la frontière, en étroite collaboration avec le Gouvernement angolais", a déclaré le porte-parole.
En réaction à cette affluence exceptionnelle, le président Joseph Kabila a décidé d’actionner un Fonds "spécial d’Assistance Humanitaire" en faveur des congolais "brutalement expulsés" d’Angola.
Cette décision a été prise lors d'un conseil des ministres tenu mardi à Kinshasa.
Le gouvernement congolais a également décidé de dépêcher des délégations "de haut niveau sur tous les sites où ils se trouvent déployés à ce jour", selon le compte-rendu du conseil des ministres.
Dans un "délai raisonnable", ce fonds devrait assurer la "survie", l’encadrement et l’évacuation vers leurs localités d’origine "de nos compatriotes ainsi expulsés", ajoute le même document dont Anadolu dispose d'une copie.
Le chef de la diplomatie congolaise, Leonard She Okitundu, a prévu de tenir une conférence de presse, mardi après-midi, pour communiquer une réaction "proportionnelle", selon son cabinet.
